Alors que la Martinique vient de connaître son quinzième homicide depuis le début de l’année, dont douze par arme à feu, Serge Letchimy, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, a écrit au Président Emmanuel Macron pour l’alerter sur la gravité de la crise sécuritaire et sociale.
« Combien de cadavres faudra-t-il encore compter avant que l’État ne regarde enfin la Martinique dans les yeux ? » interroge-t-il en ouverture de sa lettre, dressant le tableau alarmant d’une société en proie à une violence nourrie par un narcotrafic massif, avec des quartiers gangrenés et une jeunesse abandonnée.
Il dénonce le désengagement de l’État et l’absence de stratégie globale, rappelant que 60 % des saisies de cocaïne effectuées en France en 2024 proviennent de la zone Antilles-Guyane, alors que seulement 1400 conteneurs sur les 188 000 passés par le port de Fort-de-France ont été contrôlés.
À cela s’ajoute, selon lui, la suppression prévue de 900 contrats aidés (PEC) en 2025, qu’il qualifie de « décision d’une brutalité inacceptable », affaiblissant encore davantage les dispositifs de prévention et d’insertion.
« Nous avons perdu trop de temps. Aujourd’hui, c’est la République qui perd du terrain, » alerte-t-il, avertissant que l’inaction pourrait faire émerger l’idée d’une autodéfense, signe d’un profond désaveu de l’État.
Serge Letchimy appelle à une mobilisation urgente dans plusieurs domaines clés : sécurité, coopération internationale, douanes, éducation, justice, culture et insertion. Il conclut : « Le peuple martiniquais mérite mieux que le silence, mieux que la résignation. Il mérite l’action. Il mérite la vie. »
Il demande enfin une rencontre rapide avec le chef de l’État afin d’engager des réponses concrètes et à la hauteur de l’urgence.