La décision était très attendue. Ce mardi 18 juin 2025, le tribunal correctionnel de Fort-de-France a rendu son verdict dans l’affaire de l’accident mortel survenu le 27 avril dernier sur la commune du Lamentin, en Martinique. Ce drame avait coûté la vie à un motard et grièvement blessé sa compagne, percutés par un automobiliste au comportement particulièrement dangereux.
Le prévenu, un homme au casier déjà bien chargé, comparaissait pour homicide involontaire aggravé. Le jour des faits, il conduisait sans permis, sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, au volant d’un véhicule non assuré, et avait pris la fuite juste après l’accident. Il encourait jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
Lors de l’audience, les témoignages bouleversants de la compagne de la victime, toujours marquée dans son corps et dans sa mémoire, ainsi que de l’une des filles du défunt, ont profondément ému la salle. Leur douleur, leur colère, leur attente d’une justice à la hauteur ont été exprimées avec dignité et force.
Maître Vincent Julé-Parade, avocat de la famille, a plaidé pour une peine exemplaire, insistant sur l’urgence de marquer une rupture face à l’impunité de certains comportements routiers. Le parquet, lui, avait requis 8 années d’emprisonnement, pointant la gravité extrême des faits et l’absence totale de remise en question du prévenu.
Mais contre toute attente, le tribunal a prononcé une peine de 6 ans de détention seulement. Une décision qui a suscité un profond malaise dans la salle d’audience.
« Ce n’est pas une déception, mais une véritable incompréhension. Rien ne justifiait que les réquisitions du parquet ne soient pas suivies. Une fois encore, c’est une mansuétude difficilement explicable face à un comportement d’une gravité extrême », a déclaré Me Julé-Parade à la sortie du tribunal.
Pour la famille, cette peine apparaît comme un nouveau coup porté, au-delà de la perte insoutenable déjà subie. Alors que l’actualité martiniquaise est régulièrement marquée par des drames similaires sur les routes, cette décision pose une question essentielle : quelle justice face à la violence routière chronique ?
Un sentiment d’injustice qui, pour beaucoup, affaiblit la confiance dans l’efficacité de la réponse pénale.