À Paris, la tension politique atteint son paroxysme. Réélu Premier ministre après avoir démissionné à la suite de la censure de son premier gouvernement, Sébastien Lecornu a dévoilé, dimanche 12 octobre 2025, la composition de son nouvel exécutif. Une équipe resserrée, formée dans l’urgence, censée ramener la stabilité et défendre le projet de budget 2026. Mais avant même son premier Conseil des ministres, le gouvernement Lecornu II est déjà menacé de tomber dès mercredi 15 octobre.
Deux motions de censure déposées en 24 heures
La première salve est venue de La France insoumise (LFI). Dimanche soir, Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis, a annoncé sur X (ex-Twitter) le dépôt d’une motion de censure signée par des députés ultramarins, communistes, écologistes et l’ensemble du groupe LFI.
Le pays n’a pas de temps à perdre », a-t-elle déclaré, accusant le gouvernement de « poursuivre une politique rejetée par la majorité des Français ».
Ce lundi matin, c’est le Rassemblement national (RN) qui a à son tour déposé sa propre motion de censure. Une initiative qui accentue la pression sur la majorité et pourrait provoquer une chute express du gouvernement Lecornu II.
Si l’une des deux motions est adoptée, le Premier ministre verrait son second exécutif censuré en moins d’une semaine, un fait inédit sous la Ve République.
Emmanuel Macron dénonce un « désordre orchestré »
Face à cette double offensive, le président de la République est monté au créneau.
« Les forces politiques qui ont décidé la censure de François Bayrou et la chute du premier gouvernement Lecornu sont les seules responsables du désordre », a fustigé Emmanuel Macron, accusant l’opposition de « bloquer l’action de l’État ».
Le chef de l’État, qui s’envole ce lundi 13 octobre pour l’Égypte afin de participer aux discussions autour du plan de paix entre Israël et Gaza, souhaitait un gouvernement « solide et rassemblé » avant son départ. Il pourrait finalement être rattrapé par une crise politique majeure dès son retour.
Naïma Moutchou, symbole d’ouverture aux Outre-mer
Dans cette période d’incertitude, une figure émerge : Naïma Moutchou, nouvelle ministre des Outre-mer.
Son entrée au gouvernement symbolise la volonté de placer les territoires ultramarins au cœur de l’action publique, dans un contexte où plusieurs députés de ces territoires ont soutenu la motion de censure déposée par la gauche.
Engagée sur les questions de cohésion et d’égalité, elle apparaît comme l’un des visages forts du gouvernement Lecornu II, que le président entend valoriser dans les semaines à venir.
La composition du gouvernement Lecornu II
- Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur
- Catherine Vautrin, ministre des Armées et des Anciens combattants
- Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail et des Solidarités
- Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature
- Gérald Darmanin, garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Roland Lescure, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique
- Serge Papin, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat
- Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
- Édouard Geffray, ministre de l’Éducation nationale
- Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
- Rachida Dati, ministre de la Culture
- Stéphanie Rist, ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées
- Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer
- Françoise Gatel, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation
- Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics
- Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace
- Marina Ferrari, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative
- Philippe Tabarot, ministre des Transports
- Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement
Un exécutif sur la corde raide
Entre la pression parlementaire, la défiance de l’opinion et les fractures internes à la majorité, le gouvernement Lecornu II joue sa survie.
Mercredi, le double vote sur les motions de censure pourrait faire basculer la situation. S’il échoue à rassembler, Sébastien Lecornu deviendra le premier Premier ministre de la Ve République à voir deux gouvernements tomber en moins d’un mois.
Une issue qui placerait Emmanuel Macron face à une équation impossible : recomposer encore une majorité, ou envisager — scénario extrême — une dissolution de l’Assemblée nationale.