L’affaire secoue le monde de l’agroalimentaire et de la régulation publique. Dans un communiqué publié ce mardi, l’UFC-Que Choisir annonce avoir déposé plainte contre Nestlé Waters, à la suite des révélations sur le traitement illégal de certaines eaux minérales. Parmi elles, la célèbre marque Perrier aurait été soumise à une microfiltration interdite, remettant en question son étiquetage comme « eau minérale naturelle ».
Pour l’association de défense des consommateurs, cette pratique constitue « une vaste tromperie » dont les consommateurs seraient victimes depuis plusieurs années. Elle alerte également sur les risques potentiels pour la santé : « L’inocuité des eaux Perrier pourrait ne pas être garantie », déclare l’UFC-Que Choisir, évoquant l’usage d’un procédé de filtration à 0,2 micron non conforme à la réglementation.
Au cœur de cette affaire, un rapport accablant de la commission d’enquête sénatoriale, qui accuse l’État d’avoir « délibérément dissimulé » une fraude de grande ampleur. Sur cette base, l’UFC-Que Choisir a déposé deux plaintes distinctes.
La première, adressée au procureur de la République de Nanterre, vise directement Nestlé Waters et ses dirigeants, mais aussi un lobbyiste, plusieurs membres de cabinets ministériels, ainsi que l’ARS Occitanie, soupçonnés de complicité. L’association demande que soient examinés des faits susceptibles de constituer pratiques commerciales trompeuses, falsifications aggravées et tromperies aggravées, ainsi que des soupçons de corruption et trafic d’influence.
La seconde plainte a été déposée devant la Cour de Justice de la République, compétente pour juger les membres du gouvernement. Quatre anciens ministres sont directement visés : Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure, Aurélien Rousseau et Agnès Firmin-le Bodo. L’UFC souhaite que le rôle joué par le pouvoir exécutif dans cette affaire soit pleinement analysé.
Parallèlement, l’association a engagé une procédure en référé auprès du Tribunal judiciaire de Nanterre. Elle réclame le retrait du marché des eaux concernées, des rappels de produits, ainsi que l’interdiction immédiate de leur commercialisation. L’audience est prévue pour début juillet.
Cette nouvelle affaire jette une lumière crue sur les mécanismes de contrôle et de transparence autour des eaux en bouteille, un marché qui pèse plusieurs milliards d’euros chaque année en France.