Jeudi 23 janvier, l’Assemblée nationale a franchi une étape importante dans la lutte contre la vie chère en Outre-mer en adoptant une proposition de loi portée par le groupe Socialistes. Ce texte, voté à une écrasante majorité (180 pour, 1 contre), prévoit notamment d’encadrer de manière expérimentale les marges arrière et de limiter les prix sur une liste de produits de grande consommation.
Présentée dans le cadre de la journée d’initiative parlementaire par le groupe présidé par Boris Vallaud, cette proposition entend répondre aux problématiques économiques spécifiques des territoires ultramarins. Elle vise également à réguler la concentration des acteurs économiques dans les collectivités régies par les articles 73 et 74 de la Constitution.
Malgré des réticences du gouvernement, qui estime que certaines dispositions du texte entravent la libre concurrence, la proposition a rallié un large soutien, des élus de La France insoumise au Rassemblement national. Les groupes proches de l’exécutif, tels qu’Ensemble pour la République, Les Démocrates et Horizons, ont choisi l’abstention, reconnaissant néanmoins les « réelles avancées » contenues dans le texte.
Une dénonciation des « marges excessives »
Lors des débats, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a souligné les écarts de prix entre les territoires ultramarins et la France hexagonale, qui « dépassent parfois 40 % pour certaines catégories de produits ». Il a également pointé du doigt les « marges excessives » pratiquées par de grands groupes, accusés de freiner le développement économique local.
Pour Béatrice Bellay, rapporteure socialiste de la proposition, cette initiative vise à mettre fin à une « vision coloniale » encore trop présente dans les structures économiques ultramarines. Un constat partagé par Philippe Naillet, député de La Réunion, et Max Mathiasin, élu de Guadeloupe, qui dénoncent une logique héritée de l’histoire coloniale favorisant des dynamiques économiques inégalitaires.
Prochaine étape : le Sénat
Le texte doit désormais être examiné par le Sénat pour poursuivre son parcours législatif. Ses partisans espèrent une adoption rapide pour apporter des réponses concrètes aux habitants des Outre-mer, confrontés à une inflation particulièrement forte et persistante.