Alexandra Elizé symbolise une nouvelle ère de leadership féminin en Martinique en conjuguant audace entrepreneuriale et engagement familial. À la tête d’un groupe média et d’un circuit cinématographique, Alexandra navigue entre les défis du monde des affaires et ceux de sa vie personnelle. Ancienne journaliste et participante de Koh-Lanta, cette nageuse accomplie et mère dévouée brise les stéréotypes et redéfinit le succès au féminin.
Comment ton franc-parler et ton authenticité influencent-ils ta culture d’entreprise?
Je pense que j’ai été élevée dans une culture du pragmatisme et de l’efficacité. Dans ma vie de chef d’entreprise je suis un peu pareil, dans une recherche d’efficacité et cela se ressent sûrement dans mon franc parler qui n’a jamais pour but de blesser mais plus d’avancer efficacement. Je n’y vais effectivement pas par 4 chemins, mais au moins les règles sont claires. C’est bien, je le dis. Ça ne va pas, j’essaye de mettre les formes, mais je le dis et j’explique ce que j’attends, les pistes d’amélioration et l’objectif à atteindre. Plus les choses sont claires, plus les relations sont simples et saines. C’est pour moi une vraie culture d’entreprise que de fonctionner de cette façon.
Comment gères-tu le défi de mener une vie active entre les rôles de dirigeante, de maman, et de femme ?
Cassons le mythe tout de suite, ce n’est pas facile de tout combiner et je ne suis pas un exemple de réussite. Je me retrouve souvent dans des situations ou je me mets sur le dos plus de choses que celles que j’ai réellement le temps d’accomplir ce qui n’est pas sain et à mon avis je frôle souvent le burn out. J’ai par ailleurs souvent le sentiment de ne pas assez en faire dans chacun des volets de ma vie donc clairement je n’ai pas l’impression que mon organisation soit optimale. Donc je vais être honnête, c’est extrêmement difficile de tout gérer et je ne réussis pas toujours. J’essaie d’organiser mes journées de manière structurée, avec des moments dédiés à chaque aspect de ma vie. Cela inclut des plages horaires pour mes enfants, mon conjoint, mes amis, le sport, et bien sûr, mon travail. Je pense qu’il faut s’accorder des moments de repos, même si c’est plus facile à dire qu’à faire. L’équilibre parfait est un idéal difficile à atteindre, mais je m’efforce de faire de mon mieux chaque jour en planifiant ce que je peux.
Quelles leçons de Koh-Lanta as-tu intégrées dans la gestion de tes entreprises ?
Je pense que j’ai appris :
- A être moins orgueilleuse et à prendre plus de recul d’un point de vue émotionnel
- A ne jamais lâcher pour ne jamais regretter.
Après avoir navigué à travers la crise sanitaire, comment assures-tu aujourd’hui le bien-être et l’épanouissement de tes collaborateurs ?
Difficile de dire que j’assure leur bien-être et leur épanouissement mais je m’investis sur plusieurs points qui, selon moi, y participent :
- Recrutement ciblé : Lors des recrutements, je prends le temps de comprendre les aspirations personnelles et professionnelles des candidats. Je pose des questions approfondies pour m’assurer que le poste leur apportera motivation et satisfaction. Je ne recrute jamais quelqu’un si je sens que le poste et l’esprit de l’entreprise ne lui conviendront pas.
- Gestion des conflits : Je mets un point d’honneur à résoudre les conflits rapidement. 80% des problèmes au sein des équipes provient de malentendus, donc j’encourage une communication ouverte où chacun peut exprimer ses préoccupations et travailler ensemble vers une solution commune.
- Flexibilité et écoute : J’adopte une approche flexible et réceptive aux demandes des employés, qu’il s’agisse de ressources matérielles ou de besoins personnels comme les congés ou des ajustements de poste. Mon objectif est de minimiser les frustrations et d’expliquer clairement les décisions, surtout si une demande ne peut être satisfaite.
En résumé, je crois fermement que le bien-être des équipes repose sur une culture d’entreprise cohérente, où le dialogue et l’écoute sont prioritaires. Bien que je sois consciente de ne pas pouvoir répondre parfaitement à tous les besoins individuels en permanence.
Comment penses-tu que les moments de bonheur que tu partages sur les réseaux sociaux influencent la perception publique de ta personne et de tes entreprises ?
Question délicate. Je peux dire que mon intention en le faisant est de partager, souvent avec autodérision, ma vie, mes enfants, mes amis, mes passions, nos blagues, etc. La perception peut être évidemment très variée. Il y a ceux qui vont trouver ça amusant, il y a ceux qui ne vont pas comprendre cette exposition, il y a ceux qui vont critiquer, il y a ceux qui vont apprécier etc. On en revient toujours au même sujet : les autres. Si je faisais mes choix en ayant peur des retours négatifs je n’aurais pas fait grand-chose, pas même Koh Lanta.
S’agissant de l’influence de cette perception je la pense limitée. Quand tu rencontres quelqu’un dans un cadre professionnel par exemple tu peux avoir un apriori positif ou négatif lié aux réseaux sociaux mais cela pourrait être aussi lié à des « on dit ». Selon moi très rapidement les compteurs sont à 0 avec ce nouveau cadre de relation directe. Les réseaux sociaux ce n’est pas la vie.
Comment la notion de ‘Femme Libère Ton Potentiel résonne-t-elle avec ton parcours personnel et professionnel ?
Je pense que nous les humains nous avons une capacité à ne pas aller au bout de nos envies / rêves à cause de barrières que nous nous sommes mis ou que l’on nous a mis au fil de nos parcours. Mais je pense que ce sentiment est renforcé quand on est une femme et d’autant plus lorsque l’on doit assumer d’autres rôles : celui de maman, celui de femme, celui de femme d’intérieur, celui de femme qui s’entretien, et j’en passe. Il faut donc avoir sur son parcours des gens qui nous éduquent au fait que nous pouvons remplir plusieurs rôles, et que nous devons être ok avec l’idée que nous ne serons pas au taquet sur chaque pan et que ce n’est pas grave mais que nous avons le droit d’endosser ces différents rôles sans culpabilité.
Le fait de voir également ma mère nous élever seule, travailler jusqu’à 21H et que l’on soit épanouies en tant qu’enfant, cela m’a servi de modèle et permis grandir en ne me refusant rien en tant que femme ou en tant que chef d’entreprise. Par exemple j’ai accepté de prendre la direction des cinémas en étant enceinte de 5 mois. Ça ne m’a pas empêchée d’être impliquée derrière. Bien sûr que cela a été dur et bien sûr que la charge mentale est énorme mais si ma mère avait combiné les deux, pourquoi pas moi ? Nous avons toutes cette capacité et je pense que nos cerveaux sont justement conçus pour en assumer plus.
Ton fils Raphaël te décrit comme une femme déterminée et courageuse. Peux-tu nous donner un exemple concret où ces qualités t’ont aidée à surmonter un défi professionnel ?
Je pense que le meilleur exemple a été le fait de réussir à changer une loi en faveur des ultra marins en 2018 contre la volonté de toute une institution. Je n’aime pas les conflits et je favorise toujours le dialogue en revanche je le fais avec ténacité et détermination. Cela m’a pris du temps et beaucoup d’énergie mais je suis allé au bout malgré l’adversité.
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