Le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) du 10 juillet 2025 ne passe pas. Dans un courrier adressé au Premier ministre, François Bayrou, et au ministre des Outre-mer, Manuel Valls, Serge Letchimy, président du Conseil Exécutif de Martinique, dénonce une organisation « infantilisante » et le retour d’un « État central » qui marginalise les élus locaux.
Un processus « descendant » dicté par Paris
Le chef de l’exécutif martiniquais regrette que les préfets soient désormais chargés de concevoir et mettre en œuvre les politiques publiques discutées au CIOM, reléguant les élus territoriaux au rang de simples exécutants. Cette approche, selon lui, traduit une « volonté délibérée d’écarter les exécutifs ultramarins » et nie l’expertise locale.
« Vous en faites une affaire réservée de l’État, confiant aux grands commis de l’État l’ensemble des pouvoirs d’initiative », écrit-il dans son courrier.
Une remise en cause du sens même de la départementalisation
Serge Letchimy va plus loin, en pointant l’échec historique de la politique menée depuis 1946 dans les territoires d’Outre-mer. Il accuse l’État de dénaturer l’esprit initial de la départementalisation portée par des figures comme Aimé Césaire ou Gaston Monnerville, qui visaient une égalité des droits et non une mise sous tutelle.
Un appel à un programme d’émancipation
Dans un ton ferme, Letchimy demande l’ouverture de « négociations franches et ouvertes » pour construire un véritable programme de développement pour la Martinique, fondé sur les résolutions adoptées lors du Congrès des élus. « Nous n’attendons pas de solutions préfabriquées, mais l’écoute et la facilitation de nos propres propositions », affirme-t-il.
Le président du Conseil Exécutif martiniquais conclut en rappelant que « les aspirations des peuples d’Outre-mer ne sauraient s’éteindre par le mépris du droit à l’initiative et à la différenciation ».