Depuis lundi, la cour criminelle de Fort-de-France jugeait Laurent Laubal, ex-policier du commissariat, poursuivi pour agression sexuelle et viol. Les faits remontent au 24 août 2023, lorsque la victime, une femme d’une trentaine d’années, sans papiers et originaire de Sainte-Lucie, s’était présentée pour déposer plainte. Elle a décrit à la barre une « contrainte morale insupportable », aggravée par sa situation de grande précarité.
Au terme des délibérations, les juges ont condamné l’accusé à 13 ans de réclusion criminelle. Sa peine est assortie de 5 ans d’inéligibilité et de son inscription au fichier des délinquants sexuels. À l’audience, l’avocate de la victime, Maître Corinne Boulogne Yang Ting, a souligné la solidité du témoignage de sa cliente.
« La victime a pu décrire une cicatrice que l’accusé porte sur ses parties intimes. C’est exactement ce qui a été constaté à l’écran. Malgré cela, il est resté dans le déni », a-t-elle rappelé.
L’avocat du policier, nommé tardivement, avait plaidé la relaxe, dénonçant un dossier reposant uniquement sur la parole de la plaignante. Les magistrats ont néanmoins retenu la version de la victime et suivi les réquisitions de l’avocat général. L’avocat de la défense a annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Ce jugement, très suivi, constitue une condamnation rare d’un agent de l’autorité publique pour un viol commis à l’intérieur même d’un commissariat. Au-delà de l’affaire, il soulève des interrogations sur la protection des personnes en situation de vulnérabilité, en particulier celles vivant sans statut légal en Martinique.