C’est devant un slogan sobre mais percutant — « Le moment de vérité » — que François Bayrou a dévoilé son plan budgétaire pour 2026. Objectif affiché : ramener le déficit public de 5,8 % à 4,6 % du PIB, dans un contexte économique jugé critique. « C’est la dernière station avant la falaise », a prévenu le Premier ministre. Le mot d’ordre est clair : la France doit affronter « l’Himalaya budgétaire ».
2026 sera une « année blanche » : deux jours fériés supprimés
Parmi les mesures les plus symboliques annoncées : la suppression de deux jours fériés dès 2026. Le lundi de Pâques et le 8 mai sont ciblés, bien que le Premier ministre se dise ouvert à d’autres propositions. L’État espère ainsi dégager 4,8 milliards d’euros supplémentaires.
Le gouvernement assumera aussi sa part de rigueur : 3 000 postes publics seront supprimés, hors secteur éducatif. Une nouvelle règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite sera instaurée. Par ailleurs, une société foncière publique sera créée pour valoriser le patrimoine immobilier de l’État jugé improductif.
Des économies drastiques sur les dépenses sociales
Le volet social est au cœur des économies prévues. François Bayrou cible les arrêts maladie, dont « un sur deux serait injustifié ». Une reprise sans médecin du travail sera désormais possible au bout de 30 jours d’arrêt. Le doublement de la franchise médicale à 100 € par an est également acté.
Le gouvernement souhaite également revoir la prise en charge des affections longue durée : certains médicaments non liés directement à la pathologie ne seront plus remboursés à 100 %. La réduction prévue sur les dépenses sociales atteint 5 milliards d’euros par an.
Un tour de vis fiscal et la fin d’avantages pour les retraités
Côté recettes, plusieurs mesures fiscales sont prévues. Une taxe sur les petits colis importés (moins de 150 €) devrait rapporter jusqu’à 1 milliard d’euros. Le gouvernement vise aussi les niches fiscales, qui représentent 80 milliards d’euros par an, en commençant par les dispositifs « en extinction ».
Le rabot de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités figure parmi les annonces les plus controversées. Un forfait annuel le remplacera, afin de préserver les petites retraites et de faire contribuer les plus aisés. Une contribution exceptionnelle des plus fortunés sera par ailleurs instaurée.
« Relancer la production » : un appel à travailler plus
Pour François Bayrou, la sortie de crise passe aussi par un sursaut productif. « Il faut travailler plus », a-t-il martelé, appelant à une revalorisation du travail et à une simplification de l’environnement administratif des entreprises.
Un projet de loi sur une allocation sociale unifiée est annoncé d’ici la fin de l’année. Deux grandes négociations seront également ouvertes sur l’assurance chômage et le droit du travail.
Enfin, des ordonnances sectorielles permettront de lever les freins bureaucratiques dans les différents secteurs d’activité. Les entreprises qui paient leurs fournisseurs en retard seront désormais sanctionnées à hauteur de 1 % de leur chiffre d’affaires.
Un plan de rigueur sous haute tension
Ce plan, qui s’inscrit dans une trajectoire de rigueur sans précédent, pourrait se heurter à une vive contestation sociale et politique. Déjà sous la menace d’une motion de censure, François Bayrou assume : « Nous avons le devoir de prendre nos responsabilités. »
Avec ce budget 2026, le gouvernement espère poser les bases d’un retour à l’équilibre budgétaire, tout en rassurant les marchés et les institutions européennes. Mais le pari est risqué, tant la pilule est amère pour une partie des Français.