Le 26 octobre 2024, la Villa FL au Lamentin a accueilli les Deuxièmes Assises du Deuil Périnatal, un rendez-vous majeur organisé par l’association Zetwal An Syel. Cet événement, soutenu par des associations hexagonales telles que le Collectif Deuil(s), représenté par Fanny Larue, et Naître et Vivre, représenté par Jacques Honoré, a permis d’aborder des sujets importants pour mieux accompagner les familles endeuillées.
Ces assises, bien que quelque peu freinées par le climat social qui a certainement impacté le déplacement de certains inscrits, ont su se dérouler dans une ambiance constructive et enrichissante. Chaque participant, qu’il s’agisse des intervenants ou du public, a contribué à rendre cette édition particulièrement marquante.
Des tables rondes riches en échanges
Deux tables rondes ont rythmé la journée, offrant des discussions pertinentes sur des sujets essentiels. Lors de la première table ronde, intitulée “La Reconnaissance Administrative et Institutionnelle du Deuil Périnatal”, l’intervention de Philippe Edmond-Mariette, avocat, a particulièrement marqué les esprits. Il a abordé la place du fœtus dans la loi, soulevant la question de son existence juridique et des implications pour les familles endeuillées. Ses propos ont résonné avec les expériences de nombreux parents présents, souvent désorientés par ce flou juridique.
Du côté des pères endeuillés, la deuxième table ronde a été tout aussi émouvante. Antoine Minoton et Julien Michel, deux papas endeuillés, ont partagé leurs vécus. Leurs témoignages ont mis en lumière le poids des attentes sociétales qui obligent les hommes à être forts et à ne pas montrer leurs émotions. Ces récits ont trouvé un écho particulier dans l’audience, rappelant l’importance de reconnaître et soutenir la place des pères dans le deuil périnatal.
Un film documentaire poignant
L’assise a aussi été marquée par la projection du documentaire “Zayann”, réalisé par Alexandra Frémont. Très émue, Alexandra a partagé son expérience personnelle, celle d’une mère ayant perdu un enfant à cinq mois de grossesse. Le film, qu’elle a mis dix ans à réaliser avec l’aide de sa sœur Agnès, a profondément touché le public, pour qui c’était la première diffusion sur l’île. Le documentaire a permis de mettre en lumière la nécessité de laisser une trace de cette vie perdue, un acte de mémoire important pour de nombreuses familles.
Des interventions pertinentes sur la place des hommes dans le deuil
L’une des interventions marquantes de ces assises est celle de Malick Duranty, sociologue et poète, qui a replacé la question du deuil des hommes dans un contexte sociétal plus large. Il a aidé l’audience à comprendre comment et pourquoi les hommes sont souvent écartés des processus de deuil, et comment il est possible d’accompagner leur cheminement émotionnel de manière plus inclusive et bienveillante.
De même, l’initiative de l’Apéro des Papas, présentée par Antoine Minoton, a été mise en avant comme un espace essentiel pour permettre aux pères d’échanger en toute liberté et de se sentir soutenus dans un cadre convivial. Ce moment dédié aux hommes a rappelé que le deuil périnatal ne concerne pas uniquement les mères, mais toute la famille, et qu’il est nécessaire de mettre en place des dispositifs adaptés pour les accompagner.
Une assise marquée par la bienveillance et l’écoute
Malgré un public moins nombreux que prévu à cause du climat social et très réservé les échanges entre les participants ont été au rendez-vous. Si certains ont préféré ne pas s’exprimer au micro, les temps de réseautage et de partage ont permis d’initier des discussions sincères. Comme l’a si bien souligné Mathilde Edmond-Mariette Minoton, présidente de Zetwal An Syel, « C’est précisément pour cela que l’association existe : pour libérer la parole, pour briser les silences, et accompagner les familles dans ce processus de deuil. Rien que pour cela, on peut déjà dire que ces assises sont un succès. »
Le bilan : des échanges constructifs et une sensibilisation toujours plus nécessaire
Ces assises ont confirmé que la mission de Zetwal An Syel est plus que jamais nécessaire. La directrice de l’ARS, lors des premières assises en 2023, avait déjà souligné l’importance des actions de l’association, les qualifiant d’innovation sociale. Avec les retours de cette deuxième édition, cette affirmation ne fait que se renforcer. Zetwal An Syel a encore beaucoup à accomplir en termes de sensibilisation, de formation et d’accompagnement.
La présence attentive du public a démontré que, malgré la timidité apparente sur un sujet aussi délicat que le deuil périnatal, les échanges et les discussions se sont multipliés, soulignant ainsi l’importance de l’existence d’une association comme Zetwal An Syel. À travers ces assises, les familles endeuillées et les professionnels ont trouvé un espace pour se rencontrer, partager et apprendre, dans un cadre bienveillant et sécurisant.
L’événement s’est conclu sur une note musicale, avec la performance touchante de la jeune artiste Lya M, ancienne participante de The Voice Kid il y’a 3 ans. Elle a apporté une touche d’émotion supplémentaire à cette journée riche en échanges.