Après plusieurs épisodes de violences urbaines survenus depuis 2023, le gouvernement réfléchit à l’instauration d’une surprime dite “émeute” appliquée aux contrats d’assurance habitation et automobile. L’amendement, déjà adopté au Sénat, prévoit une hausse moyenne de 5 % des cotisations afin de mieux couvrir les dégâts matériels causés lors de ces événements.
Selon les sénateurs, les dommages liés aux émeutes récentes sont estimés à près d’un milliard d’euros, un coût jugé difficilement soutenable pour les assureurs sans mécanisme spécifique de compensation.
Une mesure vivement critiquée
Mais cette initiative est loin de faire l’unanimité. Sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, le philosophe Olivier Truchot a dénoncé une logique qu’il juge injuste. Selon lui, cette surprime traduit une volonté de « faire payer aux assurés les dégâts que l’État n’est pas capable d’empêcher en maintenant l’ordre public ».
Du côté des assureurs, le scepticisme est également de mise. L’un des principaux points de friction concerne la définition même d’une “émeute”. Sans cadre juridique clair et partagé, le risque d’abus ou de contentieux est réel.
Les assureurs montent au créneau
Interrogé par RMC, François Beaume, président de l’Association pour le management des risques et des assurances dans l’entreprise, parle d’une « réponse aveugle qui ne mise pas sur la prévention ». Une position partagée par Camille, assureur dans le Gard, qui pointe une « déresponsabilisation de l’État » au détriment du secteur privé.
Selon ce professionnel, la hausse annoncée de 5 % pourrait en réalité atteindre 10 à 15 %, une fois intégrés les coûts liés à l’expertise, à la gestion des sinistres et aux procédures administratives. Une perspective d’autant plus préoccupante que les assureurs font déjà face à une explosion des risques climatiques, pesant lourdement sur leurs équilibres financiers.
Un contexte marqué par les violences depuis 2023
L’idée de cette surprime s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes en France, notamment après la mort de Nahel à Nanterre, qui avait déclenché plusieurs nuits d’émeutes à travers le pays. Ces événements ont ravivé le débat sur la prise en charge financière des dégradations et sur le rôle respectif de l’État et des acteurs privés.










