Monétiser la 5ᵉ semaine de congés : vers le retour du « travailler plus » ?

Le gouvernement envisage de permettre aux salariés de transformer leur cinquième semaine de congés payés en rémunération. Présentée comme une mesure de « souplesse », l’idée divise profondément syndicats et experts, qui dénoncent un affaiblissement du droit au repos. La question pourrait enflammer le débat parlementaire à l’automne.

Rédaction ZayActu
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C’est une petite phrase qui a allumé une grande polémique. Lors de la présentation des grandes lignes du Budget 2026, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a évoqué la possibilité pour les salariés français de monétiser leur cinquième semaine de congés payés. En d’autres termes, échanger quelques jours de repos contre un complément de salaire. Une idée qui s’inscrit dans la volonté de l’exécutif de « travailler plus nombreux, davantage et mieux ».

Un signal politique fort

L’objectif affiché est clair : accroître la durée effective du travail, sans toucher frontalement aux 35 heures. Une approche indirecte qui rappelle le dispositif de rachat des jours de RTT instauré en 2022. « Il ne s’agit pas d’une obligation, mais d’une option laissée aux salariés », précise le ministère. Pourtant, le simple fait d’ouvrir cette possibilité a suffi à provoquer un tollé du côté des organisations syndicales.

Syndicats vent debout

Pour la CFDT, cette mesure représente « un coup de canif dans les droits fondamentaux des salariés ». Marylise Léon, sa secrétaire générale, parle d’« un retour en arrière » qui dévalorise le principe même du congé. Du côté de la CGT, Benoît Martin y voit « une remise en cause d’un acquis social majeur » et un risque de pression implicite sur les travailleurs les plus précaires, qui pourraient se sentir contraints de renoncer à leurs congés pour des raisons économiques.

Un débat de fond sur le modèle social

Au-delà du clivage politique, le débat renvoie à une conception du rapport au travail. Les congés payés, conquis de haute lutte dans les années 1930, sont aujourd’hui considérés comme un pilier de l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle. Leur remise en question, même partielle ou optionnelle, suscite de vives inquiétudes quant à la marchandisation du temps de repos.

Une mesure encore floue

Pour l’instant, rien n’est acté. Le gouvernement parle d’une « piste de réflexion », sans texte législatif ni calendrier précis. Mais le sujet pourrait figurer dans le projet de loi de finances à l’automne, avec un examen parlementaire avant la fin de l’année. D’ici là, des concertations avec les partenaires sociaux sont prévues.

Vers un précédent durable ?

La crainte des syndicats est aussi celle d’un précédent. Car si la cinquième semaine devient monétisable, qu’est-ce qui empêcherait à terme d’envisager la même chose pour d’autres jours de repos ? Pour certains économistes, cette mesure s’inscrit dans une logique plus large de flexibilisation du marché du travail. Pour d’autres, elle pourrait surtout accentuer les inégalités entre salariés.

Une chose est sûre : derrière la technicité budgétaire, le gouvernement touche à un symbole fort du modèle social français. Et le simple fait d’en discuter révèle à quel point l’équilibre entre travail et temps libre reste au cœur des tensions économiques et sociales.

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