Le 24 décembre dernier, pendant que la Martinique vivait au rythme des préparatifs de Noël, une autre organisation s’est mise en place, en toute discrétion. Des bénévoles ont sillonné l’île pour aller à la rencontre de parents endeuillés, afin de leur remettre un coffret et, surtout, un message simple : « on est là ».
Cette action, baptisée Dousè Lanmou, est portée par l’association Zétwal an Syèl. Pour l’édition 2025, 90 coffrets ont été distribués sur l’ensemble du territoire, de Saint-Pierre au Marin, en incluant la Maison de la Femme, de la Mère et de l’Enfant. Une mobilisation rendue possible grâce au soutien de la CAF de Martinique et de l’ARS, mais aussi par l’engagement de nombreux bénévoles, proches, artisans et personnalités engagées.
Une organisation pensée dans le détail
La réussite de Dousè Lanmou repose sur une préparation minutieuse. La veille de la distribution, au QG de l’association à Dillon, les équipes se sont réunies pour organiser les tournées, répartir les secteurs, vérifier les coffrets et anticiper chaque déplacement. L’objectif était clair : permettre aux bénévoles d’intervenir sereinement, sans précipitation, et dans le respect de l’intimité des familles.
Ici, rien n’est laissé au hasard. L’organisation logistique est au service d’un geste profondément humain, qui demande attention, délicatesse et respect.
Une initiative née d’une intuition
Lancée en 2020, en pleine période de Covid, Dousè Lanmou est née d’une idée simple : être présent auprès des parents endeuillés à une date particulièrement symbolique. Après une première édition marquante, puis une pause durant laquelle l’association a proposé d’autres formats de soutien, le retour à cette action s’est imposé naturellement.
Noël n’est pas systématiquement une période douloureuse pour tous, mais elle peut l’être pour certains parents. Les images d’enfants omniprésentes, les réunions familiales ou les souvenirs ravivés peuvent rendre l’absence plus tangible. Dousè Lanmou s’inscrit précisément dans cet espace sensible.
La discrétion comme principe
L’une des spécificités de l’opération réside dans sa démarche. Les parents peuvent s’inscrire eux-mêmes, ou être inscrits par un proche, parfois sans le savoir. Une souplesse volontaire, pensée pour respecter la pudeur, le sentiment de légitimité et les différents chemins du deuil.
Le jour de la distribution, les bénévoles ont pris contact avec chaque famille en s’adaptant à leur rythme. L’objectif n’était pas d’imposer une présence, mais de proposer un geste, simplement.
Quand le geste compte plus que les mots
Les retours des bénévoles et des bénéficiaires convergent sur un point : au-delà du coffret, c’est le geste qui marque. Le fait de se sentir pensé, reconnu, à un moment où la douleur est souvent silencieuse.
Sur le terrain, l’émotion s’est exprimée de manière très différente selon les rencontres. Parfois par des mots, parfois par des silences, parfois par un sourire. Autant de signes que cette présence, même brève, avait du sens.
Donner une place à une douleur invisible
En choisissant d’agir le 24 décembre, Dousè Lanmou assume un positionnement à part. Loin des actions solidaires traditionnelles de fin d’année, l’opération met en lumière une souffrance souvent invisible : celle du deuil périnatal.
Sans mise en scène ni discours appuyé, l’initiative permet de faire exister cette réalité dans l’espace public, avec respect et pudeur. Elle rappelle qu’à cette période de l’année, derrière les fêtes, certaines absences pèsent plus lourd, et qu’un simple « on pense à vous » peut devenir un véritable baume.
