14 février 1974 : deux ouvriers agricoles assassinés à Basse-Pointe alors qu’ils réclamaient une augmentation de salaire

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La Martinique est paralysée depuis le 17 janvier 1974 notamment par des grèves dans le secteur de la banane. Des ouvriers de la banane manifestent et réclament des augmentations de salaire. Un mouvement social très rude à cette époque, car les négociations entre patrons et ouvriers ne donnent rien.
Au commencement était la grève. Et la suite, une chanson appelant à se souvenir d’un jour funeste. Portée par le timbre du chanteur martiniquais Kolo Barst, une composition d’un titre à succès de cette histoire sur la grève des ouvriers des plantations de bananes de février 1974 prend sa place dans la liste des révoltes et luttes sociales dans le répertoire folklorique de la Martinique. S’inspirant de cet événement politique et de ces grèves, avec Févriyé 74, Kolo Barst met sa popularité au service des luttes. Et comme pour les esclaves d’antan, qui trimaient en chantant, les forçats d’aujourd’hui continuent de résister et leurs histoires sont mises en chanson.

« Manmay manmay kouté, kouté sa qui pasé / Sété an févriyé, févriyé 74…» (Écoutez, écoutez ce qui s’est passé / C’était en février, en février 74.)

Dès les années 1960, en Martinique, la crise sévit dans le secteur agricole. Plus particulièrement touchée, la filière de la canne à sucre voit fermer les unes après les autres ses usines. En 1962, le nombre de sucreries en Martinique passe de douze à deux en 1974. Sur soixante-deux rhumeries en 1962, on n’en dénombre plus que vingt en 1974. C’est la débâcle qui voit le nombre de chômeurs s’allonger sans cesse. Petit à petit, la canne est arrachée pour laisser place à la banane. Dans un climat marqué par la précarité, les ouvriers agricoles exécutent les souhaits de leurs patrons. Sans règles ni durée horaire de travail. Ils travaillent sans sécurité ni hygiène, en baignant à longueur de journée dans les produits toxiques. Et cela pour des salaires de misère.

En février 1974, le pays est paralysé par les grèves. C’est en vain que les ouvriers réclament des augmentations de salaires. Même épaulés par les employés du secteur public, qui eux aussi voulaient faire entendre leurs voix. La situation ne faisait qu’empirer. Comme de l’huile sur le feu, les grèves et manifestations s’étendaient à d’autres communes : Rivière-Pilote, Gros-Morne, Robert… Le 13 février, une proposition est faite par les patrons. Ils proposent aux ouvriers de la banane 32 francs au lieu des 35,46 francs réclamés. Mais cela ne suffit pas aux ouvriers qui décident de continuer à se battre. Ils passent alors d’habitation en habitation pour expliquer la nécessité de tenir.

Les policiers appelés en renfort peinent à maintenir l’ordre. Aux jets de pierres, ils répliquent à coups de gaz lacrymogène

La situation est très tendue. Et c’est dans ce contexte que se produit le drame du 14 février. Face à tous les foyers de protestation, le préfet prend une décision qui sera lourde de conséquences en décidant de mettre un terme à la révolte ouvrière. Sur la route de Basse-Pointe, sur l’habitation Chalvet, les ouvriers sont attaqués par plus de deux cents gendarmes et un hélicoptère. Ceux-ci les encerclent et leur tirent dessus. Au cours de la fusillade, on relève de nombreux blessés. Un jeune ouvrier agricole a eu moins de chance. Il est mort. Il s’appelait Ilmany Sérier, dit Renor 55 ans. Un deuxième cadavre, Georges Marie-Louise, ouvrier maçon de 19 ans, est découvert plus tard sur une plage de Basse-Pointe, à proximité de Chalvet.

À la suite de ce drame, un protocole de fin de conflit est signé le 19 février avec les syndicats. Selon Martinique La 1ère, les circonstances de la mort de Marie Louise n’ont jamais été élucidées et jusqu’en octobre 1974, plusieurs ouvriers agricoles ou des militants indépendantistes sont arrêtés par les gendarmes. Les poursuites judiciaires se sont par la suite, diluées dans des mesures d’amnistie.

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