Le clip de Kalash « Mada » dépasse le million de vues sur Youtube en 4 jours

Rédaction ZayActu
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Le clip de Kalash « Mada » qui déchaîne les passions depuis 4 jours sur les réseaux sociaux a dépassé le million de vues sur Youtube.

Publié sur Youtube vendredi dernier (4 octobre 2019), le clip de l’artiste martiniquais Kalash « Mada » fait son petit bonhomme de chemin. En effet, ce clip qui déchaîne les passions sur les réseaux sociaux où chacun donne son avis (positif ou négatif) sur la représentation ou pas de la Martinique a dépassé le million de vues (1 345  019 au moment où nous écrivons cet article) sur Youtube en à peine 4 jours.

Polémique autour du clip

Comme on vous le disait plus haut, dès le tournage de ce clip à Fort-de-France et plus exactement à Sainte-Thérèse, beaucoup avaient pris la parole notamment sur les nuisances sonores engendrées par les motos présentes sur le site.

Depuis sa mise en ligne en début du week-end dernier, les réseaux sociaux sont en ébullition. Chacun en va de son commentaire : « j’ai découvert avec consternation et tristesse – plutôt qu’avec colère et rancœur – le clip injustement nommé Mada.

Je l’ai regardé en tant que Martiniquaise, puis encore, en tant que mère, puis encore en tant que prof, et encore en tant que descendante d’afro-martiniquais fière de toutes les luttes menées pour conquérir la liberté et la dignité.

Et c’est au nom de toutes ces femmes en moi que je dis NON !

Non à un tel effondrement !
Non à un tel renoncement !

Et j’attends que les politiques se dressent pour dire NON parce que c’est le principe du droit qui est ici foulé aux pieds.

J’attends que les intellectuels condamnent sans équivoque cet enfermement de notre pays et de notre peuple dans une représentation aussi négative et dégradante.

Moi je dis NON !!!

Je ne reconnais ni mes enfants, ni mes étudiants, ni les jeunes méritants de ce pays qui se lèvent tôt et travaillent dur pour réussir sans dévier de la droiture et du respect.

Je n’ignore rien pourtant de ceux qui se sont perdus en chemin.Je sais leur colère et parfois leur désespoir.

Mais avons-nous tellement échoué à conscientiser ce peuple que nous acceptions sans mot dire d’être ainsi collectivement dévalorisés ?

Mais il est vrai qu’en ces temps d’élection où certains maires font signer des contrats de travail à des délinquants et des dealers au nom de la réinsertion ; réinsertion dont ils n’ont pas eu le moindre souci en 6 ans de mandature, le silence est de rigueur !!!

A vomir !!! »

« Si je devais parler de la Martinique à travers la musique, je dirais que ses habitants ont une grosse fierté, qu’aujourd’hui ils se sentent identitairement plus Martiniquais que Français.
Nous avons des jeunes hyper talentueux, et que beaucoup d’entre nous ont un moral d’acier malgré le chômage, le chloredecone, le cancer…..
Nous avons une force extraordinaire qui consiste à très vite passer à autre chose, car nous n’avons pas la culture de la « pluie », de la tristesse, nous avons le soleil en nous qui se caractérise par le sourire, la joie de vivre.
Nous n’échappons pas au phénomène de délinquance comme tous les pays du monde, mais la violence est quand même majoritairement ciblée (réglement de compte sous fond de traffic ou autres), et que les attaques gratuites envers autrui demeurent assez rares….
En fait j’aurais dit à travers la musique que je suis fier d’être dans une ile dans laquelle nous savons nous arrêter si quelqu’on tombe dans la rue, s’il y a un accident, un cyclone, car nous avons des valeurs humaines…
Voilà ce que j’aurais dit de « Mada » si j’avais la chance d’avoir des millions de vues !!! »

« Le clip Mada de Kalash révèle les divisions du pays mais également les fonctions des uns et des autres dans le pays. Certaines sont irréconciliables, d’autres oui. En fonction de qui regarde le clip, on repère des choses différentes. Les policiers qui regardent le font à partir de leur travail de terrain qui est de maintenir l’ordre et la sécurité civile. C’est normal ! On devrait tous pouvoir comprendre ça. Les règles de la société sont pour tout le monde et personne ne devrait se penser au dessus d’elles. Cela devrait être valable pour les classes aisées autant que pour les classes populaires.

Vendredi, j’ai parlé du clip avec des jeunes que j’accompagne dans le cadre d’un contrat avec la ville de Fort-de-France. Ces garçons, pour la plupart originaires de quartiers populaires, ont vu des choses que je n’avais pas vues de prime abord. Connaissant les visages de beaucoup de personnes dans le clip, ils y ont vu un symbole d’unité. Ils m’ont expliqué que plusieurs quartiers étaient représentés, des quartiers qui ne s’entendent pas à la base. Mais dans le clip, des figures de plusieurs quartiers étaient ensemble. Comme mes étudiants à l’université avec qui j’ai parlé du clip aussi aujourd’hui, ils ont reconnu en Kalash un artiste qui n’oublie pas d’où il vient, un artiste qui proclame avec fierté son identité martiniquaise. Quelqu’un qui aurait pu se laisser engloutir par le star system et la vie parisienne mais qui fait le choix encore et encore de rester authentique. Ils ont aussi reconnu que Kalash n’a rien inventé et que le clip montre des comportements qui existent. En réalité, on voit ce que notre vécu nous permet de voir dans ce clip. Notre génération, notre vécu, notre position sociale, notre jugement critique et notre profession sont des lunettes qui nous aident à déchiffrer les images.

C’est la raison pour laquelle, nous devons tous faire un pas l’un vers l’autre et favoriser le dialogue. Tirer au bazooka les uns sur les autres sur les réseaux sociaux ne fera qu’empirer la situation. On aura peut-être le sentiment d’avoir dit haut et fort notre opinion mais après que se passera t-il ? Un prochain clip et ce sera reparti pour un tour ? Il nous faut partager notre opinion mais également chercher utiliser ce moment pour apprendre les uns des autres.

Kalash n’est pas aimé de tout le monde et ça aussi c’est normal. Est-ce que cela lui enlève sa créativité, son antillanité et sa pertinence ? Non. C’est la vie. Je suis un intellectuel hip-hop c’est-à-dire que j’ai grandi avec la culture hip-hop. J’ai appris à m’exprimer grâce à elle, à prendre des initiatives en partie grâce à elle. J’ai réussi mes études supérieures en l’étudiant. La musique rap a été ma compagne pendant les bons et les mauvais moments. J’ai rencontré beaucoup d’ami.e.s très précieux grâce à elle. Je ne peux pas l’analyser et la comprendre come ceux qui ne la connaissent qu’au loin. Les cultures urbaines aujourd’hui, je les enseigne à l’université. Elles sont incontournables dans notre pays qui s’urbanise de plus en plus. Un pays miné par des inégalités. Même si aujourd’hui, elles sont plus visibles et plus présentables, il ne faut jamais oublier que ce sont des expressions qui donnent une grande place aux personnes marginales, celles qui ne se reconnaissent pas dans la société dominante. Ce sont des expressions nées dans des espaces instables. Ces graines ne vont pas disparaître de si tôt donc ce n’est pas surprenant de voir des comportements qui offusquent certains d’entre nous dans ce clip. J’ai envie de dire « Mais oui, ça va avec! » et il faut regarder cette réalité en face si on veut la modifier.

Nous n’avons pas besoin de plus de tension entre les forces de police et la jeunesse du pays. Nous n’avons pas besoin d’aliéner nos artistes et notre jeunesse. Nous avons besoin d’espace pour construire une meilleure vision de nos quotidiens respectifs et pour déconstruire ce qui doit l’être. A l’image des graffitis qui habillent les dents creuses dans la ville, les cultures urbaines peuvent être des partenaires pour un meilleur vivre-ensemble. Je me rappelle quand je vivais en Jamaïque, les artistes comme Vybz Kartel ou Capleton venaient au campus pour prendre la parole dans des amphis, expliquer leur processus créatif et répondre aux questions de l’assistance. Nous devrions nous en inspirer. C’est-à-dire avoir des espaces et des moments d’échange où les artistes ne seraient pas seulement des artistes mais des Martiniquais, des Guadeloupéens, des êtres humains. Tout comme nous. Tout comme les policiers, les responsables politiques, les étudiants, les jeunes du pays et le reste des membres de la société. Des êtres humains vulnérables qui partagent leur vision et leurs motivations. Tout le monde en ressortirait grandi et plus humble. Parce que finalement, Mada ou Gwada, on aime notre pays chacun à notre façon. Maintenant ce qu’il nous reste à faire, c’est de prendre le temps d’écouter les paroles, trop vite éclipsées par les images… »

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