C’est juste une blague”, “On ne peut plus rien dire”, “Mais tu te vexes trop.
Ces réponses sont le fruit du racisme banalisé. Le racisme ordinaire et/ou banalisé se manifeste par des remarques désobligeantes, souvent racistes, suivies de répliques minimisant la parole et les émotions des victimes. Cette norme mondiale construite sur l’identité blanche étant devenue la norme, c’est ce qu’on appelle le privilège blanc.
Une personne blanche n’aura pas besoin d’expliquer ses origines, recevoir des critiques ou des moqueries sur son accent, ses cheveux ou son corps en raison de cette norme construite sur des critères sociaux venant de la population blanche.
“J’ai déjà eu des réflexions sur mon accent ou des appellations telles que : tu es une timal toi, ou sans raison des bond…, couni…, de personnes que je ne connais pas. ” confie Émeline, cette étudiante en journalisme.
Pour elle, les études supérieures ainsi que le monde du travail n’ont pas été de tout repos.
Au début de l’année, des personnes de ma classe ont comparé mes cheveux à un buisson et au personnage de la Cetelem. En stage, il y a eu beaucoup de blagues sur les singes ; quand un stagiaire mangeait une banane, on me regardait en faisant des bruits de singes et en rigolant…”ajoute Émeline.
De l’héritage colonial au racisme banalisé
La France hexagonale a tendance à oublier son passé colonial. Un passé qui perdure encore aujourd’hui, par le manque d’éducation de personnes “non antillaises” et par une économie triangulaire, synonyme de la vie chère.
Pour moi, nous sommes une colonie française. La colonie est censée consommer les produits de la métropole et apporter des richesses à cette métropole sans jamais lui coûter trop cher. » d’après Sébastien Julien-Emmanuel Lurel, alias Keros-N, artiste guadeloupéen emblématique et engagé.
Dans son interview chez Légende Urbaine, Keros-n évoque plusieurs problèmes au sein des territoires.
60 % de la population n’a pas accès à l’eau. La France est la deuxième puissance maritime mondiale parce qu’elle a la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie et toutes les autres colonies. La France, encore une fois, prend ce qu’elle à prendre et ne donne rien en retour. » termine Keros-n.
Les jeunes se retrouvent parfois confrontés à des situations troublantes où ils doivent justifier leurs origines et l’existence de leurs îles.
Il y a des personnes qui confondent la Martinique et la Guadeloupe en me disant que je viens de l’un ou de l’autre, en me disant qu’il n’y a pas de différence. On m’a déjà demandé si j’avais le droit aux aides étudiantes de l’Etat français en tant que Martiniquaise ou s’il y avait des routes et des voitures (en Martinique)” affirme Émeline. Pour d’autres, des situations cocasses où la Martinique n’existerait pas du tout. “Lors d’un achat dans une grande enseigne d’électroménager, on m’a dit : vous avez un faux passeport, car la Martinique n’existe pas.” ajoute Lilian.
Nombreux sont-ils à n’avoir jamais connu de discrimination, comme Enrick, étudiant à Toulouse depuis un an et demi, mais la solitude reste tout de même présente.
Je me suis déjà senti à l’écart à l’école, car j’ai subi de nombreuses réflexions sur mon accent, au travail aussi.”confie Lilian
“Vous venez des îles ?”
Les forces de l’ordre peinent également à remplir leur fonction lorsqu’il s’agit des Antillais.
Lorsque je rentrais chez moi, j’ai été victime d’une tentative de car-jacking. Ils nous ont poursuivis à moto. Ils étaient armés, on a dû se réfugier chez des amis. Nous avons appelé la police, ils nous ont dit qu’ils enverraient une patrouille.” affirme Lucile.
Le policier leur a posé une seule question :
Est-ce que vous venez des îles ? ” “Oui, on est Martiniquais”… ”La police n’est jamais venue” termine Lucile.
Serait-ce la peur ou le mépris ? En raison d’une origine, les Antillais peuvent subir du racisme, de la discrimination voire de la sexualisation dû au coté “exotique”. Pour les étudiants interviewer, une solution demeure : l’Éducation. Le seul domaine pouvant réussir à faire changer les mœurs et les consciences.
