Son plan était très attendu. Le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a dévoilé ce mardi ses orientations pour « élever le niveau de notre école » dans un mail adressé aux enseignants. En début d’après-midi, il a détaillé ces mesures dans une conférence de presse depuis le collège Charles-Péguy, dans le XIXe arrondissement de Paris. « Il y aura un avant et un après », a averti Gabriel Attal.
Nouvelle épreuve de mathématiques
Gabriel Attal a indiqué qu’une nouvelle épreuve de mathématiques serait instaurée au baccalauréat pour la classe de première à partir de 2025-2026. Pour le lycée, le baccalauréat général et technologique, qui prévoit aujourd’hui une épreuve anticipée de français en fin de première, en comptera désormais une autre, « dédiée aux mathématiques et à la culture scientifique, pour l’ensemble de nos élèves », annonce Gabriel Attal.
Celle-ci, intitulée « épreuve de culture mathématique et scientifique » sera un « tournant majeur dans la place des mathématiques et des sciences en France », a précisé Gabriel Attal qui n’a pas détaillé en quoi elle consisterait concrètement. Selon lui, il y a « urgence d’agir ». « Les mathématiques sont fondamentales, c’est un enjeu de souveraineté. »
Le dernier mot aux professeurs pour le redoublement
Le locataire de la rue de Grenelle a aussi fait le choix de laisser le « dernier mot » aux professeurs pour valider le redoublement des élèves, estimant que « notre école a besoin d’une revitalisation pédagogique à la main des enseignants ». « Dès le premier trimestre de l’année 2024, je publierai un décret qui rendra à l’équipe pédagogique, et non plus aux familles, le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève », précise-t-il aux enseignants.
Aussi bien dans le premier degré (maternelle et élémentaire) que dans le second degré (collège et lycée). Ils pourront aussi « recommander, voire prescrire » aux élèves des stages de réussite pendant les vacances scolaires « conditionnant leur passage dans la classe supérieure ». « Le redoublement n’est pas une sanction », a-t-il appuyé lors de sa conférence de presse. Gabriel Attal avait récemment affirmé qu’il fallait « revoir » la « question du tabou du redoublement ».
Le brevet obligatoire pour rentrer au lycée
Par ailleurs, le brevet sera réformé pour renforcer son « exigence » et son obtention « conditionnera l’accès direct au lycée » à partir de la session 2025. « Le brevet doit redevenir une clé de voûte », a lancé Gabriel Attal.
Concrètement, le contrôle continu ne comptera plus que plus que pour 40 % de la note finale, contre 50 % actuellement. De même, la notation sera revue pour que les « notes réelles » obtenues tout au long de l’année soient prises en compte. Le système actuel se base aujourd’hui sur des « blocs de compétence », a assuré Gabriel Attal.
Ce dernier a aussi annoncé qu’il mettrait fin à la « correction académique » qui permettait parfois à certains élèves d’obtenir des notes finales supérieures à celle initialement donnée, après une harmonisation des copies. « J’ai conscience que le taux de succès diminuera dans les années à venir, j’en ai conscience et je l’assume », a affirmé Gabriel Attal.
Le ministre de l’Éducation nationale veut également faire du brevet des collèges « un véritable examen d’entrée au lycée ». En conséquence, les élèves qui ne l’obtiendront pas devront rejoindre une classe « prépa lycée », sorte de classe intermédiaire entre la troisième et la seconde pour les élèves qui n’obtiendraient pas le brevet. « Quand on échoue au brevet, cela signifie que l’on n’a pas le niveau pour rentrer au lycée. »
Instauration de « groupes de niveau »
Au collège, des « groupes de niveau » vont voir le jour. Ils concerneront les élèves de 6e et de 5e dès la prochaine rentrée de septembre pour le français et les mathématiques et « à compter de la rentrée de septembre 2025 » en 4e et 3e. Il y aura trois groupes (1, 2 et 3), le groupe 1 correspondant à celui des élèves les plus en difficultés. Ces derniers seront limités à 15 élèves. « On créera des postes » pour atteindre cet objectif, a ajouté Gabriel Attal.
Ces groupes seront « flexibles et leur dimension adaptée ». « Au cours de l’année, les élèves pourront changer de grouper s’ils progressent », a précisé Gabriel Attal. « Nous voulons aller vers un système gagnant gagnant. » « Aucun élève ne doit être laissé sur le bord du chemin », a encore avancé le ministre de l’Éducation nationale.
Refonte des programmes de primaire
Gabriel Attal indique aussi que « de nouveaux programmes s’appliqueront à l’école primaire, à commencer, dès septembre prochain, par les classes de la maternelle au CE2 » , avec comme principes « la simplification » et « la clarification ». Cela vise à la « création d’une vraie primaire des fondamentaux ». De nouveaux programmes entreront également en vigueur pour les CM1 et les CM2, mais à partir de la rentrée 2025.
Dans le même temps, Gabriel Attal a affirmé que l’État financerait un manuel de lecture et un autre de mathématiques. Ceux-ci seront labellisés à partir de 2024 pour ceux de CP et de CE1 et de 2025 pour ceux de CE2 pour assurer de « la qualité pédagogique » du manuel.
Recours à l’intelligence artificielle
Enfin, le ministre de l’Éducation nationale souhaite mettre en place une application française de remédiation en mathématique et en français nommée MIA seconde. Celle-ci propose environ 20 000 exercices et se base sur l’intelligence artificielle (IA). « Je veux que l’IA soit pleinement au service des élèves », a expliqué Gabriel Attal. Elle sera accessible à partir de septembre 2024 pour tous les élèves de seconde.
Ces annonces interviennent quelques heures après la publication du rapport Pisa, enquête de référence qui sonde régulièrement les performances des systèmes éducatifs, très scrutée par les gouvernements, selon laquelle le niveau des élèves français âgés de 15 ans chute en mathématiques et en compréhension de l’écrit. Leur niveau se maintient en revanche en sciences, par rapport à la dernière étude Pisa de 2018. La France se retrouve en deçà de la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) dans ces trois matières, loin derrière des pays comme Singapour, le Japon ou la Corée.