Le résultat était anticipé par la population des Antilles, mais la décision pourrait tout de même être difficile à avaler. Des sources proches du dossier ont annoncé mardi 5 avril que les juges d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris avaient achevé le 25 mars leurs investigations dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone et devraient prononcer un non-lieu.
Deux juges d’instruction parisiennes ont annoncé aux collectivités et associations plaignantes leur intention de clore ce dossier sans prononcer de mise en examen, l’orientant ainsi vers un non-lieu. L’avis de fin d’information ouvre un délai permettant aux parties de faire des observations ou de demander des nouveaux actes. Ensuite viendront le temps des réquisitions du parquet de Paris puis la décision finale des juges d’instruction.
Seize ans de procédures
Le pesticide, dont les effets néfastes pour la santé étaient connus depuis les années 1960, a été interdit en France en 1990 mais a continué à être autorisé dans les champs de bananes de Martinique et de Guadeloupe par dérogation ministérielle jusqu’en 1993. Cela a provoqué une pollution importante et durable des deux îles.
En 2006, plusieurs associations martiniquaises et guadeloupéennes avaient déposé plainte pour empoisonnement, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substance nuisible.
La possible prescription de l’action publique a suscité indignation et colère dans les Antilles. Entre 5 000 et 15 000 Martiniquais avaient par exemple défilé dans les rues de Fort-de-France fin février 2021 pour dénoncer cette éventuelle issue de l’affaire.
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